APB : Quel est votre parcours ?
DP - J’ai pr�t� serment le 12 janvier 1983. J’ai commenc� dans le cabinet de Georges KIEJMAN apr�s avoir obtenu un dipl�me d’�tudes approfondies en droit international public et priv� et pass� deux ans chez un avocat aux Conseils. Je suis sp�cialiste en droit p�nal, j’interviens �galement en droit de la presse et en droit des personnes. Je veux absolument dire qu’il est possible d’assumer une vie familiale, un r�le de m�re et une existence d’avocat. Il ne faut pas abdiquer et ne pas �couter le discours dominant masculin qui tendrait � nous voir prendre en priorit� des postes de juristes salari�es ou de magistrats ! Aujourd’hui, le barreau de Paris est largement f�minis�, il faut donc dire bien fort qu’il est possible d’aimer ce m�tier, de le faire avec passion et d’�lever des enfants. Bien s�r, cela demande beaucoup d’organisation mais c’est un apprentissage formidable.
APB : Quel est votre vision de la profession en ce d�but du XXI�me si�cle ?
DP - La profession va changer et les difficult�s �conomiques qui nous touchent comme la plupart des secteurs �conomiques actuellement, ont un impact direct sur la qualit� de nos prestations. Nous ne pouvons donner � nos clients que des conseils �clair�s, nous devons �tre d’une comp�tence parfaite. Sans argent, c’est impossible. Il faut arr�ter de critiquer les avocats et pr�server leurs moyens d’exercer sans quoi ils ne peuvent �tre ni s�rieux, ni rigoureux.
Toutes nos charges sont devenues exceptionnellement lourdes.
La TVA � 19,60% p�nalise les particuliers qui n’ont pas la possibilit� de d�duire nos honoraires � la diff�rence des soci�t�s et entra�ne automatiquement de notre part une baisse de ceux-ci et donc nous p�nalise en retour. L’environnement mat�riel d’un cabinet est �galement devenu tr�s co�teux. Nous devons �tre joignables � tout moment et par tous moyens. S’agissant enfin des baux professionnels et d’un statut particulier pour les professions lib�rales, nous n’avons toujours rien obtenu dans ce domaine. D’un point de vue �conomique, il est enfin, n�cessaire que les cabinets se regroupent pour la p�rennit� de leur exercice.
En tout �tat de cause et ind�pendamment de ces aspects difficiles de la conjoncture et des �volutions de la profession, je veux insister sur notre sp�cificit�, � savoir la garantie de nos principes d�ontologiques ; les avocats doivent apprendre ou r�apprendre � leurs concitoyens que nos prestations de services ne sont pas banales : nous sommes avant tout les confidents oblig�s de nos clients, quel que soit notre mode d’exercice, dans le conseil ou le judiciaire.
La confraternit�, l’ind�pendance, le respect du secret professionnel, la dignit�, ne sont pas des contraintes ridicules ou g�nantes, ce sont la fiert� de notre profession et nos meilleures garanties professionnelles. La volont� du l�gislateur qui veut nous amener � jouer les d�lateurs, � d�noncer nos clients sur des soup�ons de blanchiment d’argent est une atteinte grave � nos principes.
Enfin, je suis tr�s attach�e � la transmission de ces principes, par le stage, aux jeunes qui sont ou sortent de l’�cole de formation du barreau. On peut comprendre, intellectuellement, ce que veut dire le principe du contradictoire mais c’est en stage qu’on apprendra � communiquer ses pi�ces, � appeler un confr�re, � faxer ses conclusions en temps utile, etc...
APB : Que pensez vous du mod�le d’exercice dit � l’anglo-saxonne ?
DP - Nous avons beaucoup � apprendre d’eux. De fait, on doit absolument �viter une fuite des jeunes vers ces cabinets, veiller � les former et � les accueillir dans de bonnes conditions, enfin leur donner aussi les moyens de les associer � plus ou moins long terme.
APB : Actuellement, 12 femmes si�gent au conseil de l’Ordre sur un total de 36 membres, qu’ont-elles apport� � la profession ?
DP - Une sensibilit� diff�rente et donc une approche diff�rente qui a enrichi la vision de la profession, notamment des modifications substantielles dans les contrats de collaboration concernant le cong� de maternit�... Rappelons que la premi�re femme avocat a d� se battre - judiciairement - pour pr�ter serment le 9 juillet 1912, apr�s que la cour de cassation a jug� que la loi ne pr�voyait pas la pr�sence des femmes au barreau !
APB : Quels sont les faits de votre carri�re qui vous ont marqu� ?
DP (sans h�siter)- Ma rencontre avec Georges KIEJMAN : il m’a appris la d�fense, et l’affaire MONTAND/DROSSARD dans laquelle je d�fendais Catherine All�gret .
APB : En tant que femme �tait-ce difficile de vous imposer ?
DP - Au p�nal, oui. C’est le domaine le plus difficile. Un jour, je d�fendais un client dans une proc�dure p�nale concernant un trafic de stup�fiants. La veille de plaider devant la chambre d’instruction sa femme m’a appel� pour me dire que son mari allait m’adjoindre un confr�re masculin, alors que j’avais d�j� d�pos� mon m�moire au greffe ! Je suis all�e le voir en prison d�s 8 heures le lendemain matin, et j’�tais tellement r�volt�e que je lui ai demand� de faire son choix ! C’�tait moi ou quelqu’un d’autre, mais je n’allais certainement pas faire le scribouillard pour le compte d’un confr�re au seul motif qu’il �tait un homme ! Il m’a gard�, j’ai gagn� et il est sorti de prison sur une nullit� de proc�dure que j’avais soulev�e !
APB : Vos moments de libre, comment les occupez vous ?
DP - Je fais de la gym. Je lis beaucoup, j’adore Nancy HUSTON qui est une femme que j’admire, des romans policiers et beaucoup de classiques, dont je ne me lasse pas : Stendhal, Balzac, Tolstoi. Je regarde un peu la t�l�vision et les s�ries am�ricaines comme Sex and the City...
APB : ... Et donc vous aimez la mode �galement ?
DP - ... oui, les cr�ateurs italiens et japonais .
APB : Une derni�re question. Comment vous d�finiriez vous en quelques mots ?
DP - Je suis s�rieuse...volontaire, et...
APB : ... Passionn�e
DP - OUI !