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CINÉMA & TÉLÉVISION
Etudiants � la FEMIS, 2�me volet.
Leur vision du Cin�ma du futur
Publié le mercredi 14 mai 2003
Par Isabelle Guillot
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Positionnement et Statistiques Gratuites

Une synth�se des entretiens r�alis�s avec Nicolas (r�alisation), Kostia (sc�nario), Florian et Thomas (production), Julien, David et Lucie (image) et Julien (d�cor), tous �l�ves de la FEMIS (�cole nationale sup�rieure des m�tiers de l’image et du son).

Quels genres de films souhaiteriez-vous faire ?

Selon les �l�ves, tous les genres sont int�ressants � traiter. Le plus important pour eux est de ne pas se contenter de faire un genre de film afin d’�viter d’�tre catalogu�.

Il est d’ailleurs pour eux trop simpliste de r�duire un film � un genre. Sans pour autant s’�parpiller dans plusieurs genres, un film peut �tre � la fois dr�le, dramatique (sans �tre appel� "com�die dramatique", expression qui ne veut rien dire � leur avis), fantastique, bizarre...

Julien, �l�ve en d�cors, prend l’exemple du film Dead Man de Jim Jarmuch : "il semble r�aliser un western, donc il s’approprie les codes du genre mais ne s’y limite pas, joue avec eux, les transgresse et au final il cr�e un film diff�rent et inqualifiable". L’int�r�t d’un film est d’avoir "son genre".

Pour Kostia, �l�ve sc�nariste, "un film doit �tre un m�lange de sentiments comme c’est le cas dans la vie mais trait�s radicalement, � l’extr�me, pour devenir int�ressants". Et pour que le film puisse jouer son r�le de catharsis.

Quelle importance donnez-vous au sc�nario et � son auteur dans un film ?

Kostia reprend une c�l�bre phrase de Jean-Luc Godard "dans une histoire, il y a un d�but, un milieu et une fin sans �tre pour autant dans cet ordre". Le sc�nariste est donc libre. C’est pourquoi comme il nous le pr�cise "pour un sc�nariste, l’histoire est sup�rieure � tout, m�me au film et � la technique".

Toutefois en r�alit�, selon Nicolas, �l�ve en r�alisation, "le sc�nario est consid�r� seulement comme la base du film, ce n’est pas le film". Le sc�nariste est soumis au regard du r�alisateur. C’est pourquoi beaucoup de r�alisateurs en France apportent eux-m�me l’id�e d’un sc�nario � un sc�nariste et participent au sc�nario afin d’y int�grer leurs id�es et leur univers. Il existe donc un lien �troit entre le r�alisateur et le sc�nariste. Et dans le cas o� seul le sc�nariste a �crit le sc�nario, il doit alors �tre suffisamment flexible pour le faire �voluer au cours du tournage en fonction des demandes du r�alisateur.

Ainsi en France, celui qui est consid�r� comme l’auteur d’un film est le r�alisateur, non le sc�nariste, car il dirige toutes les phases de cr�ation du film. Il s’agit l� n�anmoins que du point de vue fran�ais. Dans la majorit� des productions am�ricaines, le r�alisateur intervient rarement dans l’�criture du sc�nario, on lui demande seulement de l’adapter.

Les sc�naristes ne sont donc pas trait�s � leur juste valeur...

Pour Kostia, en France, le sc�nariste a tout de m�me une certaine importance. Il est reconnu comme auteur en tant que tel et est � ce titre prot�g� par le syst�me fran�ais du droit d’auteur. Ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis (syst�me du copyright) pour les films des grands studios, o� plusieurs sc�naristes sont attach�s � un sc�nario, chacun ayant sa sp�cialit� (un faisant les sc�nes d’humour, un autre celles de drame,...). Except� dans un certain cin�ma ind�pendant, peu de films am�ricains ont �t� �crits par un unique sc�nariste.

D’o� vous vous viennent vos id�es ? Livres, imagination, actualit�, faits divers, d’autres films,...

L’id�e d’un sc�nario peut effectivement venir de toutes ces sources. Mais, pour Kostia, "cette id�e passe ensuite par le filtre de l’imagination, lequel la transforme en fiction et en une �uvre cin�matographique � part enti�re".

Quant � l’adaptation d’un livre, elle doit apporter selon Nicolas quelque chose de plus. Par sa mise en sc�ne, le r�alisateur apportera son point de vue sans pour autant �tre oblig� de rester fid�le au livre. Certains s’autorisent parfois l’ajout d’autres sc�nes, selon l’interpr�tation qu’il s’est fait du livre et des images qu’il souhaite transmettre au spectateur.

Il prend l’exemple de la sc�ne finale de Shining, o� Stanley Kubrick instaure une poursuite dans un labyrinthe. Cette sc�ne inexistante dans le livre de Stephen King montre donc que les r�alisateurs ne s’attachent pas toujours � une transcription fid�le du roman.

Seuls l’Inde, le Japon et la France arrivent � imposer leurs films nationaux dans leurs pays face aux Blockbusters am�ricains. Sur quoi selon vous repose "l’exception fran�aise" ?

Selon Kostia, l’exception fran�aise existe car le cin�ma fran�ais est fortement subventionn�. Les cin�mas italien ou allemand ont en effet quasiment disparu car ils n’�taient plus suffisamment financ�s par leur Etat.

Mais ce cin�ma est le plus subventionn� au monde car les pouvoirs publics lui accordent une importance certaine au sein de la culture fran�aise et se donnent ainsi les moyens de le financer. En outre pour Florian, �tudiant en production "du fait d’un certain chauvinisme, la France ne veut pas faire comme les autres et adore d�fendre son identit� culturelle".

La r�ponse de Nicolas �tudiant chilien en r�alisation l’atteste : "l’exception fran�aise tient � l’Histoire et � la culture cin�matographique de la France. Certains fran�ais restent tr�s attach�s � la leur, ils chercheront � la retrouver dans les films qu’ils vont voir. Par exemple le dernier film de Claude Chabrol et ses longs plans sur la table � manger et "les bons petits plats". Chabrol n’h�site pas � montrer la culture culinaire fran�aise dans son film".

Quelle place pensez-vous donner aux technologies num�riques dans le cin�ma par rapport aux moyens traditionnels (pellicule argentique)* ?

Julien, Lucie et David, �l�ves en image (chef op�rateur) pr�cisent qu’ils sont effectivement la premi�re g�n�ration d’�l�ves � utiliser et � devoir ma�triser autant la bobine que le num�rique comme support.

Le num�rique a l’avantage d’�tre moins co�teux, plus facile d’utilisation et de lib�rer ainsi beaucoup de r�alisateurs de toutes les contraintes techniques de la pellicule (risques li�s � la pellicule : on n’est pas toujours certain de ce que va donner l’image finale,...).

Cependant tant que toute la cha�ne de fabrication et de projection des films ne sera pas enti�rement num�rique (les projecteurs num�riques pour salle de cin�ma sont rares car ils co�tent tr�s chers et sont vite obsol�tes ; de plus peu de techniciens sont form�s � cette technologie), le num�rique ne prendra pas le dessus.

M�me sans ces inconv�nients, le num�rique ne remplacera certainement pas la bobine. La qualit� de l’image num�rique n’atteint pas celle de la pellicule ; le support argentique reste donc le haut de gamme de l’image. De ce fait le r�alisateur et le chef op�rateur feront le choix, en fonction du film � r�aliser et de leurs moyens financiers, d’utiliser la pellicule ou le num�rique.

Etes-vous pr�ts � commencer votre m�tier par d’autres moyens que le cin�ma comme la publicit� ou les clips ?

Il est �vident que pour la plupart des �l�ves le cin�ma est leur premier d�sir. Mais ils sont r�alistes : il faut de l’argent pour �tre ind�pendant et cr�er. Nicolas ajoute "en attendant, il faut bien gagner sa vie...s’il faut faire de la pub pour cela, oui". Le probl�me dans le milieu publicitaire est que l’approche est diff�rente de celle du cin�ma : il faut cr�er pour vendre un produit. Il n’existe donc aucune libert�. Le but de la publicit� est uniquement lucratif.

Pour cr�er r�ellement, ils doivent accepter de gagner moins d’argent. L’essentiel pour eux est alors de ne pas perdre leur personnalit�, leurs id�es d’artistes. C’est pourquoi il est important � c�t� de ce travail d’�laborer et de d�velopper un projet personnel.

Ils per�oivent la cr�ation de clips diff�remment car selon eux il est vraiment possible d’exp�rimenter : les artistes faisant appel � eux leur laissent en principe toute la libert� souhait�e.

Auteur
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Isabelle Guillot
Juriste
Post-Scriptum

*pellicule argentique = la pellicule est, avant le d�veloppement, truff�e de cristaux d’halog�nures d’argent photosensibles et, apr�s d�veloppement, de grains d’argent m�tallique.

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