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AVOCATS-PORTRAITS
JEAN-PAUL LEVY
Une campagne sous le signe de l’avenir
Publié le vendredi 20 juin 2003
Par Anne Pigeon-Bormans
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Jean-Paul LEVY est avocat et ancien membre du conseil de l’Ordre des avocats � la Cour de Paris.

Il est �galement candidat aux �lections du dauphinat qui se d�rouleront fin 2004.

Sa campagne r�solument tourn�e vers l’avenir de la profession d�bute tout juste.

APB : L’avenir est le th�me majeur de votre campagne, quelles �volutions pour la profession se dessinent selon vous ?

JPL - J’ai fait campagne l’ann�e derni�re, les probl�mes �voluent. Certains se r�glent, d’autres apparaissent. Aujourd’hui, le r�le de l’Ordre et ses missions sp�cifiques doivent �tre recentr�s et il s’agit plus que jamais de s’occuper des avocats : des avocats parisiens qui travaillent et doivent pouvoir vivre de leurs activit�s professionnelles.

APB : Concr�tement, �a sert � quoi l’Ordre, le B�tonnier ?

JPL - Le B�tonnier anime, a un r�le de concertation et son r�le doit se d�velopper dans cette direction. Les institutions ont �volu� et avec l’�mergence du Conseil national des barreaux (CNB) s’est produite une mutation profonde : en charge de l’harmonisation de la d�ontologie, il a un r�le de prospective et de formation �galement. C’est un interlocuteur premier des pouvoirs publics et il s’agit de cr�er une dynamique dans la repr�sentation des avocats parisiens, au sein du CNB.

Le Barreau de Paris a en effet une capacit� d’attraction exemplaire avec 17 500 avocats inscrits, sur les 37 000 avocats que compte l’hexagone, 1 300 �l�ves � l’�cole de formation (EFB) en 2003, r�partis d�sormais sur 3 p�les, Paris, Cr�teil et Bobigny.

Le d�s�quilibre au sein de la profession est �galement financier puisque 60% du chiffre d’affaires global est concentr� sur 20% de la profession � Paris. Il y a donc d’�normes distorsions, � l’int�rieur de la profession dans le rapport Province/Paris mais �galement au sein m�me du Barreau de Paris. Ces diff�rences �conomiques et sociologiques importantes existent au sein d’une profession lib�rale qui n’exerce pas selon les m�mes formes. L’exercice sous forme de soci�t� commerciale � objet civil ne concerne, encore une fois, qu’une minorit� et l’immense majorit� des avocats exercent � Paris de mani�re quasi-individuelle. Or, il faut aujourd’hui, donner aux avocats les moyens de construire des cabinets forts. La loi MURCEF peut-�tre un de ces instruments de la mutation, puisqu’elle vient de donner aux avocats notamment avec la possibilit� de constituer un capital vie. Mais il faut tenir compte d’autres param�tres comme la visibilit� de ces questions � l’ensemble de la profession qui n’est pas toujours bien inform�e sur ces possibilit�s.

APB : Les avocats europ�ens ont d�j� la possibilit� de venir s’�tablir en France, que pr�voit � ce titre le projet de loi de transposition de la directive d’�tablissement de 1998 ?

JPL - La France est, depuis d�j� quelques ann�es, une terre d’accueil des avocats europ�ens. L’ouverture s’est faite tr�s t�t. La transposition de la directive (pr�vue � l’hiver 2004) va prolonger cette ouverture, mais si les avocats europ�ens s’installent volontiers en France, la r�ciproque n’est pas facile � r�aliser car l’implantation de cabinets � l’�tranger n�cessite des investissements et aussi une volont� qui est encore trop limit�e chez bon nombre de nos confr�res. Nous avons les instruments pour cr�er ces structures chez nos voisins europ�ens mais pas la culture pour le faire.

APB : La situation �conomique actuelle - sans parler des conflits sociaux - est pr�occupante. Quels sont aujourd’hui les effets les plus notables au sein de la profession ?

JPL - Ce sont les cabinets de taille internationale qui p�tissent le plus de cette r�cession �conomique. Ces cabinets ne recrutent plus aujourd’hui, et m�me ils d�bauchent. Les belles ann�es durant lesquelles les �l�ves avocats partaient dans des cabinets tr�s importants s’ach�vent.... Il y a de la casse ! C’est une pr�occupation pour le devenir des collaborateurs mais aussi une occasion de s’interroger sur ce statut du collaborateur. Notre Barreau conna�t une pyramide des �ges tr�s �quilibr�e. La moyenne d’�ge des avocats parisiens se situe entre 35 et 40 ans. Les plus jeunes sont des femmes et en 2006/2007, la parit� sera atteinte. Comme ailleurs, les revenus f�minins sont moins importants et les statuts moins int�ressants. Le statut de la collaboration doit ouvrir une porte vers une int�gration ou une association dans les cabinets, il faut �viter la requalification du contrat de collaboration en un contrat de travail. Il existe peu de collaborateurs seniors.

Avec le prochain texte sur la profession, c’est la formation m�me de l’avocat qui va changer. La loi nouvelle pr�voit une formation en alternance. On entrera d�sormais � l’�cole d’avocat en ayant non seulement r�ussi l’examen d’entr�e mais avec en poche un contrat de stage ou un contrat d’apprentissage dans un cabinet. Cette formation qui alternera les cours � l’�cole et le travail en cabinet durera 18 mois � l’issue desquels, le stagiaire passera le CAPA et pourra pr�tendre � transformer son contrat d’apprentissage en contrat de collaboration. C’est la fin de l’avocat-stagiaire. A d�faut, de pouvoir �tre engag� dans le cabinet qui l’aura form�, ces jeunes avocats pourront exercer sous le contr�le d’un ancien membre du conseil de l’ordre avec la mise en place d’un syst�me de tutorat.

APB : Que devient le syst�me d’aide juridictionnelle ?

JPL - Le syst�me d’aide juridictionnelle ne changera pas et il n’y a aucun risque de fonctionnarisation de la profession � cet �gard. S’agissant de la client�le de personnes, il faut insister sur l’incapacit� de la majorit� des personnes � financer au co�t r�el leurs proc�s. Les solutions pr�conis�es par l’Etat qui consistent � d�river sur des circuits parall�les (m�diation, conciliation, arbitrage...) tendent � exclure l’avocat...

APB - ...quand ce n’est pas la t�l�vision. Je pense � l’�mission, au demeurant excellente de France2, le samedi � midi, ou � celle de Julien Courbet plus contestable, qui prend directement en charge certaines affaires...

JPL - ... oui, je pense qu’un syst�me d’assurance-proc�s peut �tre envisag�, mais les compagnies d’assurance ne sont pas tr�s euphoriques � cette id�e et, en tout �tat de cause, le risque est de voir les r�mun�rations de l’avocat tir�es vers le bas. Un circuit de financement via un organisme de financement de cr�dits � la consommation est aussi envisageable. Apr�s tout, on emprunte bien pour s’offrir une nouvelle voiture !

APB : Puisque nous sommes dans les questions d’argent... Combien co�te une campagne �lectorale de l’Ordre des avocats � la Cour de Paris ?

JPL - Je crois que cela va du simple au d�cuple.

Je sais quel a �t� l’investissement qui a �t� le mien : je peux donner le chiffre de 50.000 euros, il est ridicule certes compar� � d’autres � moins que ce ne soit le contraire...

La r�alit� c’est qu’il faut am�nager un syst�me juste. Une �lection professionnelle n’est pas une �lection politique. La confraternit�, l’appartenance � une m�me profession, nos r�gles d�ontologiques, l’identit� de la profession, tout cela doit nous conduire � la mesure. Il ne faut pas en sortir inconsid�r�ment au risque de d�pr�cier notre fonction. Je suis donc tout � fait contre l’hypertrophie des campagnes, et pour une utilisation mesur�e des moyens modernes de communication. Il ne s’agit pas de submerger les cabinets avec des t�l�copies, des e-mails, ni m�me de faire de cette �lection un spectacle comme cela a pu arriver dans le pass�, je suis pour que l’Ordre limite les d�penses de campagne. On me r�torque que ce serait limiter la libert� et qu’il n’y a pas de texte qui permette � l’Ordre d’intervenir. Je r�ponds que la contractualisation est possible et qu’il suffit que les candidats et l’Ordre s’accordent sur de bonnes pratiques.

Je souhaite �galement que soient contractualis�es un code de bonne conduite entre candidats. Il est n�cessaire de garder une certaine dignit� dans le ton comme dans l’expression. Enfin, je pense qu’il serait utile que sous le patronage de l’Ordre soient organis� un ou plusieurs d�bats entre les diff�rents candidats. En tout �tat de cause, si je suis �lu, j’engagerai l’Ordre dans ce processus, car ce qu’il faut, c’est amener nos confr�res � r�fl�chir sur leurs probl�mes professionnels dans un cadre � dimension humaine et non laisser l’argent et le spectacle miner la d�mocratie professionnelle.

APB : Je vous remercie de cet entretien exclusif et souhaite que tout au long des mois � venir, vous soyez entendu par les avocats et les avocates parisiennes.

Auteur
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Anne Pigeon-Bormans
Avocat au Barreau de Paris
Post-Scriptum

CABINET de Jean-Paul Levy
65 Avenue Niel
75017 PARIS
Tel : +33 (0)1 44 15 15 60
fax : +33 (0)1 44 15 13 10
site web :jeanpaullevy.com/fr/

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