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PRESSE & COMMUNICATION
La France, Entre mauvaise image et bonne r�putation
Par Jean-Pierre PIOTET*, Pr�sident de ThompsonCorp
Publié le lundi 2 juin 2003
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Le d�samour dont souffriraient les Fran�ais aupr�s du public am�ricain, illustre bien le paradoxe entre l’image et la r�putation, entre la r�action affective du citoyen et le pragmatisme du business.

L’image d’une personne, d’une entreprise ou d’un pays n’est qu’un clich�, une photo instantan�e qui refl�te la perception sous le coup de l’�v�nement, de l’�motion voire de la col�re. Sans r�f�rence � ce qui rassemble, elle s’inscrit dans un sch�ma schizophr�ne sur le registre de la " cote d’amour " : j’aime ou je n’aime pas !

Image, elle est souvent le fruit de la manipulation, de la rumeur et emprunte au vocabulaire des sentiments : pas de nuances, on dit ce qu’on a sur le c�ur.

Les propos sont plus souvent rapport�s ou comment�s que directs.

Ainsi, le pr�sident Bush aurait-il d�clar� qu’il n’est pas pr�s d’inviter Jacques Chirac dans son ranch ! Dans le monde des images, le choix est restreint, il y a les amis et le " reste du monde ". On est bien s�r loin des d�ners complices chez " L’ami Louis " ou � " L’Auberge de P�rouges ", et des fou rires de Bill Clinton.

Pour faire bonne mesure Condoleezza Rice en rajoute " Il faudra pardonner aux Russes, oublier les Allemands et punir les Fran�ais ! " Bref, on est dans la surench�re et il est dangereux et de mauvais go�t d’�tre � contre-courant. Dans ces instants de passion, on r�veille tout ce qui peut nourrir l’�motion ; la raison n’a plus sa place.

Haro sur le coq gaulois : 93% des Am�ricains seraient pr�ts � boycotter les produits fran�ais, mais seulement moins de 10% peuvent en citer un spontan�ment, ouf !

De l� � �crire que les risques sont faibles, ce serait bien audacieux, et les prises de parole opportunes de grands patrons fran�ais, sous l’impulsion de Pierre Bellon, pr�sident de Sodexho, rappellent aussi � certaines r�alit�s. De l� aussi � d�duire que les Fran�ais sont d�sormais les " mal aim�s " des Am�ricains, c’est d’abord croire que notre " cote d’amour " �tait au beau fixe, donc m�conna�tre le pass�, et aussi confondre notre image actuelle aupr�s des Am�ricains et notre r�putation forg�e au gr� de plus de deux si�cles d’histoire commune.

Car, si l’image n’est qu’une photo, ce qui fait le film, c’est l’assemblage des photos dans un syst�me coh�rent.

La br�ve histoire des relations et des sentiments entre la France et les Etats-Unis s’inscrit dans le m�me sch�ma. Elle est faite de moments d’amour et de forte inimiti�, d’entente et de malentendus, rarement d’indiff�rence. Comment en serait-il autrement entre deux nations aux identit�s si fortes ? Tout au fil des avatars d’une histoire mouvement�e, les r�putations de chacun se sont b�ties au regard des comportements observ�s et comment�s.

Affirmer aujourd’hui que notre r�putation s’est d�grad�e, c’est m�conna�tre le fait que les valeurs qui nous rassemblent sont plus fortes que celles qui nous s�parent, dans l’instant. Colin Powell, avec l’analogie du " couple de 225 ans " n’a fait que le rappeler. L’�pisode irakien (apr�s celui de la Lybie ou du Viet Nam) souligne simplement les diff�rences de certains attributs de la r�putation de chacun. Mais, en fait, chacun n’a fait que se comporter conform�ment � sa r�putation, sinon � ses int�r�ts. Nous n’avons pas plus le monopole de la culture et du droit que les Am�ricains ont celui de la morale universelle.

La r�putation, c’est le " regard des autres ", au prisme d’un syst�me de valeurs.

Le syst�me fondamental de valeurs de chacun n’a pas chang� ; en revanche, sous la pression des int�r�ts et de la passion pour les soutenir, le regard s’est fait moins complaisant, plus aigu. Les asp�rit�s se sont accentu�es, et ce qui �tait une curiosit� ou une exception bien fran�aise est devenu " provocant ", pour le moins.

Dans l’�v�nement, on a davantage soulign� les comportements qui divisent que les valeurs qui rassemblent ; et celles-ci ont plus de p�rennit� que les mandats de nos gouvernants, prisonniers de leur r�putation, devant leurs opinions publiques surtout.

En fait, personne n’�chappe � sa r�putation. Lorsqu’elle rencontre les attentes du moment, c’est la reconnaissance publique. Lorsque, renforc�e par des comportements qui soulignent ses facettes aga�antes, elle s’inscrit � contre courant, c’est la travers�e du d�sert, rarement durable heureusement.

Et si, comme le disent les Am�ricains, " reputation gives you a second chance", il faut toutefois �tre attentifs � ce que, par fid�lit� � " une certaine id�e (co�teuse) de la France ", l’addition de comportements inamicaux - mis en image avec quelque malveillance - ne vienne perturber l’intention et le sc�nario du film.

Car, au fond, avoir une mauvaise image aux Etats-Unis et une bonne r�putation dans le reste du monde, ou presque, est-ce bien raisonnable ?

Post-Scriptum

Article paru dans " Les Echos " en Mai 2003

* Pr�sident de l’Observatoire de la R�putation. Site :obs-reputation.org

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