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BIOTECHNOLOGIES
La situation du clonage aux Etats-Unis
Travaux de la Commission March�s �mergents - Nouvelles Technologies du Barreau de Paris
Publié le vendredi 28 mars 2003
Par Pascaline Colombani
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Aux Etats-Unis, la question est complexe, puisque dans certains domaines, chaque Etat F�d�ral poss�de sa propre loi, ind�pendamment des autres �tats. Ainsi, seuls six �tats am�ricains interdisent le clonage humain par une loi explicite. Il s’agit de la Californie, l’Iowa, la Louisianne, le Michigan, la Rhode Island et la Virginie.Pour ces Etats, les techniques de reproduction doivent faire l’objet d’une d�claration obligatoire en vertu de la Fertility Clinic Success Rate and Certification Act de 1992.

Les choix politiques

L’administration Clinton avait d�cr�t� en 1997 un moratoire de cinq ans sur les exp�riences de clonage humain financ�es par l’argent public, mais, jusqu’� pr�sent, la loi ne r�glementait pas le secteur priv�.

Le 31 juillet 2001, la Chambre des Repr�sentants a vot� un texte de Loi interdisant le clonage � des fins reproductives et th�rapeutiques dans le secteur priv� comme public. La " Loi sur l’interdiction du clonage humain" (Human Cloning Prohibition Act) pr�voit d’interdire toute cr�ation d’un embryon humain � des fins reproductives (clonage reproductif) mais �galement pour la recherche m�dicale (clonage th�rapeutique). Le texte pr�voit �galement une peine de 10 ans d’emprisonnement et une amende d’au moins 1 million de dollars.

Cependant, face � ce texte tr�s restrictif, le 9 ao�t 2001, le Pr�sident Georges W. Bush a d�cid� d’autoriser un financement f�d�ral limit� des recherches sur les lign�es des seules cellules souches existantes � cette �poque, sachant que ces cellules sont obtenues � partir d’embryons surnum�raires dont les parents ont fait don � la science.

" Oppos� � l’avortement, George W. Bush exclut d’aider la cr�ation de nouvelles lign�es de cellules, car cela supposerait la destruction de nouveaux embryons. Pour ce qui est des lign�es existantes (une soixantaine dans le monde), " la d�cision sur la vie ou la mort des embryons a d�j� �t� prise ", a argu� le Pr�sident pour justifier sa position." J’ai pris cette d�cision avec un grand soin, et je prie pour que ce soit la bonne", a-t-il conclu ".

Pourtant, en novembre 2001, une soci�t� am�ricaine, Advanced Cell Technology Inc., a annonc� qu’elle avait r�alis� le premier clonage d’embryon humain � des fins th�rapeutiques dans le but de traiter des maladies incurables, tout en pr�cisant qu’elle s’interdisait tout clonage � des fins reproductives

Au printemps 2002, Bush se disait oppos� � tout forme de clonage, th�rapeutique comme reproductif, suite � l’annonce du m�decin italien Antinori affirmant avoir clon� trois embryons humains en cours de grossesse.

La l�gislation am�ricaine sur le clonage est alors bloqu�e en avril 2002. La Chambre des Repr�sentant �tant majoritairement compos�e de r�publicains souhaite interdire toute forme de clonage, alors que le S�nat, � majorit� d�mocrate, est tr�s sensible aux revendications des chercheurs et scientifiques, et voudrait autoriser le clonage aux seules fins m�dicales.

Les revendications scientifiques

Le clonage a de nombreux avantages : il pr�sente l’int�r�t de perdurer certaines races animales et v�g�tales en voie de disparition, de produire des prot�ines ou des m�dicaments ou encore de permettre le renouvellement des cellules malades. C’est pourquoi les biologistes souhaitent pouvoir continuer la recherche sur le clonage dit th�rapeutique, dont l’unique but est de produire en s�rie des embryons pour en extraire des cellules souches. Cette m�thode th�rapeutique permettrait aux scientifiques d’approfondir leurs travaux pour trouver rapidement des solutions m�dicales aux maladies incurables et aux rejets d’organes greff�s. La technique de clonage th�rapeutique permettrait de cr�er un embryon de la personne malade afin de parvenir � une correspondance g�n�tique parfaite, ce qui a l’avantage d’�viter tout rejet de greffe.

Il faut savoir que cette technique du clonage dit th�rapeutique d�truit l’embryon � un stade pr�coce de son d�veloppement, de mani�re � ne pas le transf�rer in utero et �viter ainsi le clonage reproductif.

En outre, le fait d’interdire le clonage th�rapeutique aux Etats-Unis inqui�te bon nombre de d�put�s et scientifiques qui sont conscients que la recherche progresse in�luctablement, et craignent que cette interdiction rel�gue le pays au second plan de la recherche m�dicale, fait auquel aucun am�ricain, scientifique ou non, ne peut se r�soudre.

Concernant le clonage reproductif, qui consiste � " cr�er " un �tre humain en laboratoire, de nombreux sp�cialistes am�ricains du clonage animal se r�voltent contre les �quipes travaillant sur le clonage humain. En effet, ils savent parfaitement que les tentatives de clonage d’un �tre humain sont, non seulement pour la plupart vou�es � l’�chec, mais surtout irresponsables et immorales, puisque un grand nombre des clones avort�s et m�me n�s font encore l’objet de malformations cong�nitales. En effet, de grands biologistes expliquent qu’une quantit� importante de clones pr�sentent des difformit�s physiques, d�ficiences du syst�me immunitaire, vieillissement pr�matur�...

L’Ecossais Ian Wilmut, le cr�ateur de la brebis Dolly a rappel� que la technique du clonage qu’il a lui-m�me men�e sur diff�rentes esp�ces animales est encore pr�caire. Pour obtenir Dolly, il a fallu 277 exp�riences, ce qui �quivaut � 276 �checs. Par ailleurs, le 14 f�vrier dernier, il a d�cid� d’ " euthanasier " le premier mammif�re n� par clonage en 1996. La brebis pr�sentait depuis quelques temps d�j� des signes de vieillissement pr�matur�, apparemment dus � l’age des cellules utilis�es pour la cloner.

Il faut esp�rer que non, d’autant plus que la Soci�t� Clonaid a annonc� le 26 d�cembre 2002 la naissance du premier b�b� clone : Eve. N�anmoins, la soci�t� n’a toujours pas apporter la preuve qu’il s’agisse vraiment d’un clone, et la Food & Drug Administration a d�cid� au lendemain de l’annonce cette naissance, d’ouvrir une enqu�te pour savoir o�, comment, quand et dans quelles circonstances la Soci�t� Clonaid aurait " cr�� " ce b�b� clone. En attendant des preuves, les am�ricains restent sceptiques quant � la v�racit� des dires de Brigitte Boisselier, la pr�sidente de la Soci�t� Clonaid.

Les objections populaires

Le public am�ricain dans son ensemble, y compris les minorit�s catholiques, est favorable au clonage th�rapeutique. En effet, il ne faut pas oublier qu’aux Etats-Unis, les recherches m�dicales � partir de l’embryon humain ont fait na�tre beaucoup d’espoir dans l’esprit des malades et de leurs familles.

Pour autant, les am�ricains sont aussi fascin�s par le clonage. Le 21 d�cembre 2001, une �quipe am�ricaine a r�ussi le clonage d’un chat domestique et, selon le Wall Street Journal, la recherche sur le clonage des chats et d’autres animaux domestiques est financ�e � hauteur de plus de 3,5 millions de dollars par un financier am�ricain �g� de 81 ans, fondateur de l’Universit� priv� de Pho�nix.

La Humane Society of the United State, organisme de protection des animaux a r�agi vivement au clonage des animaux domestiques craignant une v�ritable surpopulation. Les chercheurs ajoutent qu’il leur a fallu implanter 87 embryons dans huit chattes porteuses pour obtenir un clone viable. Il faut savoir qu’une centaine de propri�taires d’animaux domestiques ont sauvegard� l’ADN de leur compagnon dans l’attente que la science les fasse " rena�tre ", sachant que les biologistes am�ricains rel�vent que les animaux qui pourraient faire l’objet d’un clonage reproductif ne sera qu’une copie g�n�tique et non pas une r�surrection de l’ancien animal.

L’�tat actuel de la l�gislation am�ricaine sur le clonage

Aujourd’hui, la l�gislation am�ricaine distingue les recherches qui peuvent b�n�ficier de financement publics de celles qui ne peuvent pas. En d’autres termes, le Pr�sident Bush va financer les cellules souches, mais il limite l’aide publique � la recherche sur les embryons d�j� morts. Certains journalistes y voient un r�el compromis du Pr�sident entre ses promesses �lectorales et l’avenir des Etats-Unis.

Enfin depuis janvier 2003, les Etats-Unis commercialisent des aliments d’origine animale, issus de la technique du clonage depuis janvier 2003.

D’apr�s les experts am�ricains, le lait et les viandes des animaux clon�s sont compl�tement consommables et ne r�v�le aucun danger pour le consommateur. N�anmoins, les scientifiques s’interrogent encore sur le patrimoine g�n�tique des poissons et insectes.

En effet, les chercheurs redoutent que les clones ne donnent naissance � de nouvelles vari�t�s animales, bouleversant ainsi la cha�ne alimentaire, et de fait tout le syst�me �cologique. D’autres experts estiment que les clones doivent �tre consid�r�s en tout point comme de nouveaux animaux. La plupart des chercheurs am�ricains s’accordent � dire que le clonage est une technique g�n�tiquement neutre, et qu’ainsi la composition et la structure des tissus animale n’est en aucun cas modifi�e.

Auteur
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Pascaline Colombani
Juriste
Post-Scriptum

QUELQUES DATES...

Juillet 1996 : naissance de la brebis Dolly, premier mammif�re clon� par l’�quipe �cossaise de Ian Wilmut.

Novembre 1997 : l’UNESCO a adopt� la D�claration Universelle sur le G�nome Humain et les Droits de l’Homme qui stipule que " le clonage humain est une offense � la dignit� humaine ".

Janvier 1998 : naissance de Charlie et Georges, deux veaux clon� et g�n�tiquement modifi�s par une �quipe am�ricaine.

F�vrier 1998 : naissance de Marguerite, clone de veau � l’INRA.

Avril 1998 : naissance de Bonnie, fille de Dolly.

Juillet 1998 : naissance de clones de clones de clones � l’Universit� d’Hawa�

D�cembre 2001 : naissance de Copy Cat, clone de chat par une �quipe texane.

Mai 2002 : Le gyn�cologue italien Severino Antinori et son �quipe, ainsi que celle de la biochimiste Brigitte Boisselier ont annonc� avoir " fabriqu� " des clones humains dont la grossesse se d�roule normalement. L’�quipe italienne affirme m�me que les b�b�s clones na�tront en d�cembre de 2002 ou janvier 2003.

D�cembre 2002 : Les ra�liens annonce la naissance d’Eve, premier humain qui serait n� par clonage. Aucune v�rification possible.

Janvier 2003 : en France, le S�nat vote un texte d�clarant le clonage reproductif, crime contre l’esp�ce.

F�vrier 2003 : " euthanasie " de Dolly.

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